Fuji-san 富士山 (3776m)
Le Mont Fuji est l'un des sommets les plus mythiques sur Terre au même titre que l'Everest, le Mont Blanc, l'Annapurna, le Kilimandjaro, le K2, la Dent de Crolles... L'autre particularité est qu'en terme de difficulté d'ascension, c'est le niveau juste au dessus de la Dent de Crolles (face Sud.. il convient de préciser avant que certains connaisseurs qui n'en ratent pas une nous fassent une petite note sur la technicité de la face Est). La renommée du Fuji n'est pas due à son altitude, son rapport à l'histoire de l'alpinisme ou à sa difficulté d'ascension (quoique.. en hiver, il semble que ce soit un gros défi notamment en raison de sa pente (de 0 à 40 degrés) et du sol qui sont propices aux grosses avalanches). Sa renommée est essentiellement liée à son esthétique, à sa forme conique parfaite, symbole naturel du Japon que l'on va retrouver souvent dans l'art japonais. En plus de sa forme parfaite, son isolement ajoute fortement au côté majestueux de ce sommet : la base de la montagne, sur tous les côtés est une plaine à 800m d'altitude.
Pour une première ascension (ce n'était pas une première historique (voir plus loin), une première pour nous seulement), nous avons donné dans le classique. Un bus nous a amenés de Tokyo à la 5ème station à 2300m (la montagne depuis la base jusqu'au sommet comprend 10 étapes fictives, ou « stations ») en 2h30min et il reste ensuite 1500m de dénivelé positif à parcourir. L'ascension se fait souvent de nuit de manière à voir le lever du soleil depuis le sommet, moment de la journée où la vue est le plus souvent dégagée. En Septembre (la saison d'ascension est officiellement en Juillet-Août seulement), il n'y a pas beaucoup de bus et on s'est finalement retrouvé à la 5ème station à 14h. Pas le temps de monter au sommet (3h30 - 4h en marchant bien) avant le coucher du soleil et beaucoup de temps à attendre à la 5ème station si on choisit de décoller vers 11h-minuit pour le lever du soleil au sommet. A l'office du tourisme, on nous dit que l'on peut se poser en mangeant un ramen à un refuge à 3250m encore ouvert à cette période. Ceci nous a permis de monter de jour une bonne partie avec de belles vues de l'ombre du Fuji au soleil couchant sur la mer de nuage.
On a mis environ 2h45 sans trop se presser. Bon finalement, le refuge c'était 6 000 yens (40 euros) pour rentrer et extinction des feux à 9h obligatoire, mais il n'y avait pas vraiment le choix, il faisait environ 0 degrés dehors. Départ vers 3h du matin avec sa frontale, il reste ensuite 1h-1h30min d'ascension jusqu'au sommet. Quelques japonais utilisent des petites bombonnes portables d'oxygène, ambiance, shhh, shhh, shhh !!!!! C'est bien sympa, il fait froid, il y a de la neige-givre sur le sol et la raideur de la pente est de plus en plus importante au fur et a mesure que l'on monte depuis la 5ème station jusqu'au sommet. Lever de soleil.. C'est trèèèèèss beauauauuuu, bon allez on se casse !! :).
On était entre 50 et 100 personnes au sommet. Le nombre de personnes atteignant le sommet est estimé à 200 000 par an dont 30% d'étrangers, ces 200 000 se rejoignant tous quasiment en Juillet-Août, il y a, à cette période plus de 1000 personnes à 5h du matin au sommet (voir ici). Néanmoins, atteindre le sommet reste un grand événement pour un japonais puisqu'à peine 1% de la population y a accédé. On a fait ensuite le tour du cratère, de manière à aller voir son ombre dans la plaine, 3000m plus bas.
La descente est rapide est assez agréable puisqu'elle se fait en bonne partie dans de la lave « sablonneuse ». Nous avons choisi un itinéraire de descente (Subashiri route) différent de celui de la montée (Kawaguchiko route) empruntant un « sanding sail », une pente de sable volcanique (il y en a une aussi sur la Gotemba route). Cette portion permet de courir et de descendre 800m de dénivelé en 10 minutes. Arrivée à la 5ème station de cette route à 2000m en moins de 2 heures.
Une phrase japonaise dit : « Celui qui ne grimpe pas au sommet du Fuji est un fou et celui qui y grimpe deux fois est deux fois fou ». Julie semble vouloir respecter cette phrase :) Moi je le referais bien d'une autre manière.. deux options me semblent pas mal : la première est de monter de jour jusqu'au sommet, regarder le coucher de soleil (qui vaut plus le coup que le lever au niveau des couleurs je pense, mais il doit moins souvent faire beau), redescendre au refuge à 3250m et remonter le matin pour le lever du soleil. La deuxième est un peu plus ambitieuse et un peu plus belle aussi, monter depuis le bas (7-10h).. il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde ou, sans trop de moyens, en une journée, on peut faire 3000m de dénivelé positif sans interruption pour atteindre un sommet.
A noter que c'est en été que le Fuji est le moins beau et que c'est depuis le Fuji que l'on voit moins bien le Fuji.. vous aurez donc probablement droit à d'autres photos de ce sommet partiellement enneigé, en Automne, en Hiver, au Printemps prochainement.